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Le chinchilla

Le chinchilla

Le chinchilla est un herbivore appartenant à l'ordre des rongeurs et à la famille des hystricomorphes. Il se distingue du lapin, car il possède une seule paire d'incisives maxillaires et il se différencie des myomorphes (rat, souris, hamster) par ses dents qui sont toutes à croissance continue. C’est d’ailleurs pourquoi les problèmes dentaires sont fréquents chez cette espèce.

 

Contrairement à la croyance populaire, le chinchilla n’est pas conseillé comme premier animal pour les enfants. C’est un animal qui a une espérance de vie pouvant atteindre 15 à 20 ans, qui a besoin de beaucoup d’espace et qui ne peut pas être entraîné à utiliser une litière en général. De plus, le chinchilla est une espèce nocturne, ce qui signifie qu‘il est principalement actif la nuit, et il peut être destructeur envers le mobilier. 

 

Veuillez vous référer à notre fiche de recommandations détaillées pour vous assurer de donner une alimentation adaptée à votre chinchilla.

 

Environnement

Le chinchilla est une espèce sociale, qui devrait être gardée en groupe d’au moins deux individus, de préférence de même sexe. Dans la nature, les chinchillas vivent en groupe, mais les femelles peuvent avoir tendance à attaquer les mâles.

 

La santé du chinchilla dépend grandement de son environnement. Il y a plusieurs façons d'offrir un environnement adéquat à son chinchilla. Voici les grandes lignes à respecter :

  • Les grandes cages conçues pour les furets ou chinchillas (sur plusieurs étages) peuvent être adaptées. Les cages commerciales pour cochon d’Inde ou lapin ne sont pas recommandées. 
  • La cage devrait être installé dans une pièce calme, bien aérée et loin des prédateurs. La cage ne devrait être ni directement exposée au soleil, ni dans un environnement très humide et chaud. Pendant les mois d’été au Québec, il est préférable de garder les chinchillas au frais, dans un sous-sol par exemple.
  • La température idéale pour un chinchilla se situe entre 18 et 23 degrés Celsius. Au-delà de 23 degrés Celsius, les chinchillas risquent de subir des coups de chaleur.
  • Le chinchilla a besoin de beaucoup d’espace et doit avoir accès à un enclos ou  une pièce sécuritaire plusieurs heures par jour. Attention, les chinchillas peuvent sauter aussi haut que 6 pieds.
  • Les chinchillas aiment aussi courir dans une roue ou une boule en plastique. Il est préférable d’offrir une roue en plastique et d’éviter celles en grillage (risques de fractures ou de blessures).
  • Il est recommandé d’éviter les cages faites en bois (impossibles à bien nettoyer) et les terrariums en vitre (ventilation sous-optimale).
  • Les fonds de cage en grillage sont déconseillés, car ils prédisposent à la pododermatite et aux fractures. Il est préférable d’installer des tapis moelleux (tapis antidérapants par exemple),  des couvertures ou serviettes, et/ou du substrat comme de la litière de papier. 
  • La litière de papier est préférable à la ripe de bois pour la santé du système respiratoire. Dans tous les cas, la ripe de cèdre est toxique et doit absolument être évitée.
  • Il est important d’offrir plusieurs cachettes (au moins autant de cachettes que d’individus).
  • Il peut être très intéressant d’offrir une partie des repas dans des jouets à titre d’enrichissement et pour encourager l’exercice. On peut offrir la moulée dans une boule en plastique trouée ou bien du foin caché dans du papier ou dans un rouleau de papier de toilette vide, dans un panier, ou dans une boîte en carton vide.
  • Il est préférable d’offrir le foin au sol ou dans un contenant près du sol. Les râteliers placés en hauteur augmentent le risque d’insertion de corps étranger (morceau de foin) dans l’œil, qui pourrait mener à des infections ou des abrasions de la cornée.
  • Il est recommandé d’offrir une bouteille d’eau et un bol d’eau en tout temps au cas où le mécanisme de la bouteille se bloque.
  • Il est fortement déconseillé de baigner les chinchillas. Par contre, ils adorent prendre un bain de sable pour entretenir leur pelage. Du sable volcanique est à privilégier (ne pas acheter de sable régulier pour bac à sable). Il est recommandé d’offrir le bain de sable tous les jours, pendant 20 à 30 minutes. Plus longtemps et le bain peut devenir rapidement souillé, et les particules de sable peuvent prédisposer aux conjonctivites.

 

Soins vétérinaires

- Il n’existe pas de vaccin recommandé actuellement pour les chinchillas au Québec.

- Un examen vétérinaire est recommandé une fois l’an, incluant un examen dentaire complet.

- Des traitements préventifs contre les parasites cutanés sont recommandés chez les chinchillas qui cohabitent avec des animaux qui vont à l’extérieur (chien, chat, lapin).

- La stérilisation de la femelle n’est pas recommandée de routine, car les risques reliés à la procédure sont significatifs.

- La stérilisation des mâles est recommandée pour faciliter la cohabitation entre mâles et prévenir les gestations lors de cohabitation mixte. 

 

Raisons de consultation et conditions médicales fréquentes

Si votre chinchilla présente un ou plusieurs de ces symptômes, consultez un vétérinaire en urgence : 

-Perte d’appétit depuis plus de 8 heures

-Absence de production de selles depuis plus de 8 heures

-Diarrhée

-Difficulté à uriner ou absence de production d’urine 

-Protrusion du pénis hors du prépuce (paraphimosis)

-Sang abondant dans les urines ou les selles

-Difficulté à respirer

-Diminution soudaine du niveau d’activité

-Évidence de fracture

-Difficulté à la mise-bas

-Garde un œil fermé ou écoulement purulent au niveau d’un œil

-Toute altercation avec un chat

-Plaie ouverte

 

Maladies fréquentes

 

Alopécie

Le manque de poil à certains endroits sur le corps (alopécie) du chinchilla peut être associé à diverses causes. Certaines zones sont normalement dépourvues de poils, comme la peau derrière les oreilles et sous les pattes. 

Les chinchillas peuvent aussi perdre une petite zone précise de poils comme mécanisme de défense secondaire à un trauma, une contention stressante ou en cas de perception d’un danger. Dans ces cas, l’alopécie est bien définie et la peau ne présente pas de lésion. Il n’y a pas de traitement spécifique; il suffit d’attendre que le poil repousse et de réduire les facteurs ayant mené à la condition initiale.

Autrement, l’alopécie qui serait associée à des pellicules, de la rougeur, des croûtes et/ou des démangeaisons peut être secondaire à une infection (bactérienne, fongique et rarement des parasites), à une maladie dentaire ou à des conditions environnementales peu optimales (hygiène de la cage, absence de bain de sable, humidité ou température trop élevées); l’animal peut aussi se l’infliger lui-même (problème comportemental). 

Une consultation vétérinaire est recommandée. En attendant, il est fortement déconseillé d’appliquer une crème antibiotique comme le Polysporin®, car celle-ci, lorsqu’ingérée par le chinchilla, peut causer de la diarrhée et une perte d’appétit qui peut mener à des complications graves. Selon l’historique médical et l’apparence des lésions, votre vétérinaire pourra vous recommander la marche à suivre appropriée pour votre chinchilla.

 

Perte d’appétit et diminution de la production de selles

La perte d’appétit soudaine ou graduelle, associée à une baisse ou une absence de production de selles, est une des raisons de consultation en urgence fréquemment rencontrée chez le chinchilla. Certains animaux présenteront aussi du bruxisme (grincement de dents), une baisse de l’état général, et prendront des positions anormales.

Une alimentation inadéquate (trop de moulée et/ou de fruits, quantité insuffisante de foin), le stress, une infection digestive ou une obstruction digestive (torsion de l’estomac, intussusception, corps étranger), ou toute autre condition de santé entraînant de la douleur ou un inconfort (calculs urinaires, infection respiratoire ou urinaire, douleur dentaire, etc.) peuvent être en cause. 

La complication la plus grave de cette condition, si non traitée rapidement, est l’entérotoxémie.

Le vétérinaire procédera à un examen physique complet et pourra recommander une prise de sang et/ou des radiographies pour éliminer des hypothèses et adapter le traitement. 

La prise en charge passe par la gestion de la douleur et la réhydratation. Selon le cas, des prokinétiques, des antibiotiques et des gavages peuvent être prescrits. Dans la plupart des cas, des soins en hospitalisation sont initialement recommandés, ce qui permettra d’administrer les traitements par voie intraveineuse ou sous-cutanée. Lorsque la condition de l’animal s’améliore, les traitements peuvent être poursuivis à la maison.

Le pronostic dépend beaucoup de la cause sous-jacente. Pour prévenir les récidives, il faut s’assurer de bien suivre les recommandations alimentaires et de traiter les conditions médicales sous-jacentes le cas échéant.

 

Fur-ring (anneau de poil)

Cette condition affecte les mâles uniquement. Elle consiste en un encerclement/étranglement du pénis par un anneau de poil. Le pénis étant en tout temps dissimulé, la détection de cette condition est surtout fondée sur une manifestation d'inconfort, se traduisant par un léchage excessif de la région génitale ou encore par de la difficulté à uriner, de la léthargie ou une baisse d’appétit. Le diagnostic est basé sur la visualisation de l'anneau de poil autour du pénis suite à son extériorisation du prépuce. Cet anneau doit être délicatement retiré le plus tôt possible, ce qui nécessite généralement une sédation ou une anesthésie puisque cette condition est douloureuse. Si la condition est traitée tôt, cela n’entraîne pas de complications à long terme. Par contre, dans certains cas plus avancés, l'intégrité du pénis et la capacité à uriner peuvent être affectées. En prévention, il est recommandé de surveiller régulièrement (une fois par semaine par exemple) l’apparence du pénis. Il est recommandé de consulter un vétérinaire le jour même si vous notez un anneau de poils autour du pénis, une enflure ou un changement de couleur du pénis, des écoulements anormaux, une difficulté ou une douleur à uriner, ou l’absence d’urine depuis plus de 12 heures.

 

Malocclusion dentaire

Les chinchillas ont 20 dents qui poussent tout le long de leur vie, ce qui les rend susceptibles de développer des problèmes dentaires. Les causes de maladie dentaire incluent le plus souvent une consommation insuffisante de foin (fibres); moins souvent, une anomalie congénitale (de naissance ou reliée à la croissance), une carence en vitamine D et/ou en calcium, un trauma ou une infection.

Les 4 incisives sont facilement visibles par les propriétaires et devraient être orangées, lisses et symétriques. Cependant, les 16 prémolaires/molaires peuvent seulement être évaluées à l’aide d’un instrument adapté par un vétérinaire, et sont malheureusement souvent anormales lors de maladie dentaire. Le plus souvent, les dents anormales sont allongées; certaines peuvent être infectées ou fracturées, ou même présenter des caries. Les chinchillas démontrent rarement des signes de maladie dentaire lorsque celle-ci est légère ou même modérée. Il est très fréquent de diagnostiquer une maladie dentaire avancée chez un chinchilla qui présente une difficulté à manger apparue soudainement le jour même. C’est pourquoi un examen dentaire annuel est fortement recommandé chez cette espèce.

Les autres signes cliniques associés incluent un appétit sélectif (préférence pour la moulée, refuse le foin), un écoulement oculaire et/ou nasal, une enflure du visage ou derrière l’œil, du bruxisme exagéré, une perte de poids, un mal de ventre, ou de l’hypersalivation, ce qui se traduit par un chinchilla avec le menton et/ou les pattes avant souillés.

Une taille de dents sous anesthésie générale est habituellement recommandée. Dans certains cas, les corrections alimentaires peuvent limiter la progression de la maladie (en cas de carence en fibres); mais bien souvent, des suivis et des tailles de dents régulières sont nécessaires à vie. La fréquence des tailles de dents peut varier entre 4 semaines et quelques mois.

 L’imagerie médicale (tomodensitométrie ou radiographies de la tête) est souvent très utile pour confirmer le diagnostic et aider à adapter le traitement.

 

Hélène Rembeaux DMV, IPSAV (médecine zoologique)

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