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Le cochon d’Inde

Le cochon d’Inde

Le cochon d'Inde

Le cochon d'Inde (aussi appelé cobaye) est un petit mammifère très populaire. Contrairement à la croyance populaire, le cochon d’Inde n’est pas conseillé comme premier animal pour les enfants. C’est un animal qui requiert de l’attention, des soins réguliers et une alimentation particulière. Veuillez consulter notre fiche de recommandations détaillées pour vous assurer de donner une alimentation adaptée à votre cochon d’Inde.

 

Le cochon d’Inde est un herbivore appartenant à l'ordre des rongeurs et à la famille des hystricomorphes. Il se distingue du lapin, car il possède une seule paire d'incisives maxillaires et il se différencie des myomorphes (rat, souris, hamster) par ses dents qui sont toutes à croissance continue; c’est d’ailleurs pourquoi les problèmes dentaires sont si fréquents chez cette espèce.

C’est un animal principalement diurne avec des pics d’activité au crépuscule, ayant une espérance de vie d'environ 5 à 7 ans. Le poids d’un cochon d’Inde peut varier entre 900 et 1200 grammes (les mâles étant généralement plus grands).

 

Environnement

Le cochon d'Inde est une espèce sociale, qui devrait être gardée en groupe d’au moins deux individus. Dans la nature, les cochons d’Inde vivent en unité familiale centrée autour d’un mâle dominant accompagné de plusieurs femelles. Les individus qui ont été élevés ensemble ont de bonnes chances de bien s’entendre à l’âge adulte.

Par contre, de façon générale, les mâles ont tendance à démontrer de l’agressivité en présence d’une femelle. Ce risque peut être diminué en élevant un mâle juvénile avec des mâles adultes et en offrant de multiples cachettes dans l’environnement.

La santé du cochon d'Inde dépend grandement de son environnement. Il y a plusieurs façons d'offrir un environnement adéquat à son cochon d'Inde. Voici les grandes lignes à respecter :

- L’enclos (ou la cage) devrait être installé dans une pièce calme, bien aérée et loin des prédateurs. La cage ne devrait être ni directement exposée au soleil, ni dans un environnement humide et frais.

- La taille d’une cage commerciale pour cochon d’Inde n’est pas suffisante pour lui offrir l’espace adéquat pour son bien-être. Si vous choisissez une telle cage, il faut s’assurer que votre cochon d’Inde puisse sortir dans un enclos sécuritaire plusieurs heures par jour.

- La température idéale de l’environnement se situe entre 20 et 25 degrés Celsius.

- Il est recommandé d’éviter les cages faites en bois (impossibles à bien nettoyer) et les terrariums en vitre (ventilation sous-optimale).

- Les fonds de cage en grillage sont déconseillés, car ils prédisposent à la pododermatite et aux fractures. Il est préférable d’installer des tapis moelleux (tapis antidérapants par exemple), des couvertures ou serviettes, et/ou du substrat comme de la litière de papier. Certains cochons d’Inde sont propres et peuvent utiliser une litière comme les lapins.

- La litière de papier est préférable à la ripe de bois pour la santé du système respiratoire. Dans tous les cas, la ripe de cèdre est toxique et doit absolument être évitée.

- Il est important d’offrir plusieurs cachettes (au moins autant de cachettes que d’individus).

- Il peut être très intéressant d’offrir une partie des repas dans des jouets à titre d’enrichissement et pour encourager l’exercice. On peut offrir la moulée dans une boule en plastique trouée ou bien du foin caché dans du papier ou dans un rouleau de papier de toilette vide, dans un panier, ou dans une boîte en carton vide.

- Il est préférable d’offrir le foin au sol ou dans un contenant près du sol. Les râteliers placés en hauteur augmentent le risque de développer un corps étranger (morceau de foin) dans l’œil, qui pourrait mener à des infections ou des abrasions de la cornée.

- Les cochons d’Inde préfèrent boire à la bouteille. Il est aussi recommandé d’offrir un bol d’eau en tout temps au cas où le mécanisme de la bouteille se bloque.

- Il est déconseillé de garder des cochons d’Inde et des lapins ensemble pour éviter la transmission de pathogènes respiratoires entre individus.

- Des sorties régulières à l’extérieur, lorsque la météo le permet, sont bénéfiques pour la santé et le bien-être des cochons d’Inde. Les sorties devraient toujours être supervisées et être réalisées avant 10 h ou après 15h30. Il est recommandé de placer un enclos sécurisé à moitié au soleil et à moitié à l’ombre pour prévenir les coups de chaleur. Les cochons d’Inde ne devraient pas avoir accès à du gazon récemment traité aux pesticides.

Soins vétérinaires

- Il n’existe pas de vaccin recommandé actuellement pour les cochons d’Inde au Québec.

- Un examen vétérinaire est recommandé une fois l’an, incluant un examen dentaire complet.

- Des tailles de griffes sont recommandées régulièrement (la fréquence peut varier entre 4 et 12 semaines selon l’animal).

- Des traitements préventifs contre les parasites cutanés sont recommandés chez les cochons d’Inde qui sortent à l’extérieur l’été, et chez ceux cohabitant avec des animaux qui sortent à l’extérieur (chien, chat, lapin).

- La stérilisation de la femelle n’est pas recommandée de routine, car les risques reliés à la procédure sont significatifs.

- La stérilisation des mâles est recommandée pour faciliter la cohabitation entre mâles et prévenir les gestations lors de cohabitation mixte. À noter que les cochons d’Inde peuvent atteindre leur maturité sexuelle à partir de 8 semaines d’âge.

Raisons de consultation et conditions médicales fréquentes

Si votre cochon d’Inde présente un ou plusieurs de ces symptômes, consultez un vétérinaire en urgence :

-Perte d’appétit depuis plus de 8 heures

-Absence de production de selles depuis plus de 8 heures

-Diarrhée

-Difficulté à uriner ou absence de production d’urine

-Sang abondant dans les urines ou les selles

-Difficulté à respirer

-Diminution soudaine du niveau d’activité

-Évidence de fracture

-Difficulté à la mise-bas

-Garde un œil fermé

-Altercation avec un chat

-Plaie ouverte

 

Perte d’appétit et diminution de la production de selles

La perte d’appétit soudaine ou graduelle, associée à une baisse ou une absence de production de selles, est la raison de consultation en urgence la plus fréquemment rencontrée chez le cochon d’Inde. Certains animaux présenteront aussi du bruxisme (grincement de dents), une baisse de l’état général, et prendront des positions anormales (comme le ventre couché au sol).

Une alimentation inadéquate (trop de moulée et/ou de fruits, quantité insuffisante de foin), le stress, une infection ou obstruction digestive (torsion de l’estomac, intussusception, corps étranger), ou toute autre condition de santé entraînant de la douleur ou un inconfort (calculs urinaires, infection respiratoire ou urinaire, douleur dentaire, etc.) peuvent être en cause.

La complication la plus grave de cette condition, si non traitée rapidement, est l’entérotoxémie.

Le vétérinaire procédera à un examen physique complet et pourra recommander une prise de sang et/ou des radiographies pour éliminer des hypothèses et adapter le traitement.

La prise en charge passe par la gestion de la douleur et la réhydratation. Selon le cas, des prokinétiques, des antibiotiques et des gavages peuvent être prescrits. Dans la plupart des cas, des soins en hospitalisation sont initialement recommandés, ce qui permettra d'administrer les traitements par voie intraveineuse ou sous-cutanée. Lorsque la condition de l’animal s’améliore, les traitements peuvent être poursuivis à la maison.

Le pronostic dépend beaucoup de la cause sous-jacente. Pour prévenir les récidives, il faut s’assurer de bien suivre les recommandations alimentaires et de traiter les conditions médicales sous-jacentes le cas échéant.

Entérotoxémie

L'entérotoxémie est une condition digestive très grave. Elle est due à une croissance de bactéries (Clostridium spp) qui sont normalement présentes en très faible quantité dans le système digestif du cochon d’Inde. Ces dernières produisent des toxines qui se propagent dans la circulation sanguine et qui causent un état de choc. Le cochon d'Inde manifestera les signes cliniques suivants : abattement sévère et soudain, anorexie (perte d’appétit), diarrhée ou absence de production de selles, abdomen distendu et douloureux, et respiration rapide ou difficile.

Les causes incluent la prise d'antibiotiques inadéquats par voie orale, un changement drastique dans l'alimentation, une infection digestive, etc. Cette condition est soupçonnée lors de l'examen général du cochon d'Inde et peut être confirmée avec des radiographies de l'abdomen. Des traitements intensifs par voie intraveineuse peuvent être tentés, mais malheureusement la condition est généralement avancée quand le diagnostic est posé et le pronostic associé est sombre.

Maladie dentaire

Les cochons d’Inde ont 20 dents qui poussent tout le long de leur vie, ce qui les rend susceptibles de développer des problèmes dentaires. Les causes de maladie dentaire incluent le plus souvent une consommation insuffisante de foin (fibres) ou une carence en vitamine C; moins souvent, une anomalie congénitale (de naissance ou reliée à la croissance), une carence en vitamine D et/ou en calcium, un trauma ou une infection.

Les 4 incisives sont facilement visibles par les propriétaires et devraient être blanches, lisses et symétriques. Cependant, les 16 prémolaires/molaires peuvent seulement être évaluées à l’aide d’un instrument adapté par un vétérinaire, et sont malheureusement souvent anormales lors de maladie dentaire. Le plus souvent, les dents anormales sont sévèrement allongées vers la langue et empêchent l’animal de mâcher. Dans certains cas, certaines dents peuvent être pointues et causer une lacération de la langue ou de la joue. Enfin, certaines dents peuvent être fracturées ou infectées.

Les cochons d’Inde démontrent rarement des signes de maladie dentaire lorsque celle-ci est légère ou même modérée. Il est très fréquent de diagnostiquer une maladie dentaire avancée chez un cochon d’Inde qui présente une difficulté à manger apparue soudainement le jour même. C’est pourquoi un examen dentaire annuel est fortement recommandé chez cette espèce.

Les autres signes cliniques associés incluent un appétit sélectif (préférence pour la moulée, refuse le foin), un écoulement oculaire et/ou nasal, une enflure du visage ou derrière l’œil, du bruxisme exagéré, une perte de poids, un mal de ventre, ou de l’hypersalivation, ce qui se traduit par un cochon d’Inde avec le menton et/ou les pattes avant souillés.

Une taille de dents sous anesthésie générale est habituellement recommandée. Dans certains cas, les corrections alimentaires peuvent limiter la progression de la maladie (en cas de carence en vitamine C ou en fibres); mais bien souvent, des suivis et des tailles de dents régulières sont nécessaires à vie. La fréquence des tailles de dents peut varier entre 4 semaines et quelques mois.

Dans certains cas, l’imagerie médicale (radiographies ou tomodensitométrie de la tête) peut être recommandée pour confirmer le diagnostic et planifier des extractions dentaires, particulièrement si une infection est suspectée.

 

Kyste ovarien

Le kyste ovarien est une condition très fréquemment rencontrée chez les cochons d'Inde femelles âgées de plus de 2 ans.

Plusieurs types de kystes existent, les signes associés variant selon leur nature. D’une part, certains kystes entraînent une surproduction d'hormones sexuelles qui causent par la suite une perte de poils au niveau des flancs, des démangeaisons, des sécrétions vaginales, de la léthargie et une perte d'appétit. D’autre part, certains kystes peuvent être asymptomatiques ou entraîner des signes non spécifiques tels que des signes d’inconfort et/ou une perte d’appétit. L’imagerie médicale (échographie et/ou radiographies) permet habituellement de poser un diagnostic.

Différentes options de traitement existent et sont discutées avec le vétérinaire en tenant compte de la nature et de la taille du kyste, ainsi que de l’état général du patient. Les traitements incluent des injections hormonales, une vidange échoguidée du kyste ou l’ovariectomie-hystérectomie.

Scorbut

Le scorbut est une déficience en vitamine C. Il s'agit d'une condition fréquemment rencontrée chez le cochon d'Inde de compagnie. Tout comme les humains, le cochon d'Inde est incapable de synthétiser la vitamine C, il faut donc s’assurer de lui en offrir quotidiennement dans son alimentation. La vitamine C est essentielle pour la santé des vaisseaux sanguins et des articulations. Une déficience peut entraîner des signes cliniques impliquant plusieurs systèmes comme un poil sec et rêche, une malocclusion dentaire, une diminution de la croissance (chez les jeunes individus), une faiblesse aux membres arrière, une enflure des articulations, de la léthargie, du bruxisme (compatible avec de la douleur), de la diarrhée, et/ou des saignements au niveau des yeux. Le diagnostic est posé principalement avec les antécédents médicaux, l’examen physique et parfois des radiographies ou des tests sanguins pour exclure d’autres conditions avec des signes cliniques similaires. Le traitement passe d’abord par une supplémentation élevée en vitamine C, puis une dose de maintien à vie. Le pronostic est habituellement très bon. Par contre, les anomalies dentaires peuvent malheureusement persister et nécessiter des traitements appropriés à long terme.

Pododermatite

La pododermatite est une infection et/ou inflammation de la peau sous les pattes. Elle est généralement plus prononcée aux pattes arrière. Plusieurs facteurs peuvent entraîner une pododermatite. L’obésité, le type de substrat (grillage, copeaux de bois, plastique), la longueur des griffes, l’inactivité et les traumas sont les facteurs les plus fréquemment observés.

Le traitement de la pododermatite comprend plusieurs aspects, dont une correction de l’environnement, des traitements locaux (crèmes, bandages) et la gestion de la douleur selon la sévérité des lésions. Le processus de guérison peut prendre quelques semaines lors de lésions débutantes, jusqu’à plusieurs mois dans les cas plus avancés. Des suivis réguliers pendant le traitement sont habituellement recommandés. Il est rare d’observer des signes de douleur typiques comme des vocalisations ou une boiterie. Des signes plus subtils comme une réticence à se déplacer ou encore une préférence à se déplacer sur des substrats moelleux sont plutôt observés. Par contre, il s’agit bien d’une condition douloureuse qui peut mener jusqu’à une perte d’appétit lorsque les lésions sont avancées.

Pédiculose

La pédiculose est une infestation de poux. Rassurez-vous, les trois types de poux observés chez le cochon d'Inde sont spécifiques d'espèce, c'est-à-dire qu'ils n'affectent que cet animal. Il convient néanmoins de manipuler l'animal au minimum, car le toucher peut accroître la

démangeaison. Le cochon d'Inde atteint présentera un pelage graisseux, jaunâtre et développera fréquemment des gales sur le corps suite au grattage excessif. Le diagnostic est posé par la visualisation des poux. L’application topique d’un antiparasitaire chez tous les cochons d’Inde de la maison est recommandée, et s’avère habituellement très efficace comme traitement. Finalement, l'environnement doit être désinfecté afin d'éviter les récidives.

Mites de corps

Trixacarus caviae est une mite de corps affectant le cochon d'Inde. Contrairement au pou, ce parasite peut se transmettre aux autres animaux et à l'homme, provoquant des plaques rouges au site de contact et des démangeaisons. Généralement, il suffit de traiter le cochon d'Inde pour gérer le problème, puisque le parasite ne survit à long terme que chez cette espèce. Les lésions affectant l'homme disparaîtront alors d'elles-mêmes. Le cochon d'Inde infesté présentera de nombreuses pellicules au niveau du dos et une démangeaison sévère, pouvant parfois ressembler à des convulsions. Le diagnostic est posé avec l'identification de la mite au microscope et le traitement est semblable à celui de la pédiculose.

Sarcoptes scabei est une autre mite de corps qui affecte le cochon d'Inde et d’autres animaux. Toutefois, cette mite est capable de vivre à long terme chez toutes les espèces; tout individu atteint doit donc être traité afin d’éliminer complètement l'infection. L'animal infecté présentera de multiples zones sans poil, des croûtes et d'importantes démangeaisons. Le diagnostic et le traitement sont les similaires que pour l’infection à Trixacarus caviae.

Puces

Le cochon d'Inde est susceptible d'attraper les puces qui affectent le chat et le chien. La plupart des individus affectés ne présenteront pas de signes cliniques, sauf s'ils sont allergiques à la salive de la puce. Le cas échéant, chaque morsure de puce générera beaucoup de démangeaisons et l'animal présentera un grattage compulsif, pouvant aller jusqu'à provoquer des lésions à la peau et des infections bactériennes secondaires. Tous les animaux de la maison doivent être traités avec un antiparasitaire adapté pendant 3 à 6 mois selon le degré d’infestation. Un nettoyage régulier de la maison pendant le traitement est aussi recommandé.

Teigne

Chez le cochon d'Inde, la teigne est causée par un champignon, Trichophyton mentagrophytes. Celui-ci cause l'apparition de plaques rondes sans poils, parfois croûtées, qui ont tendance à s'agrandir avec le temps. La tête et les pattes avant sont le plus souvent affectées. Ce champignon peut aussi infecter l'homme en causant l'apparition de plaques rouges sur la peau au site de contact, souvent associées à de la démangeaison. Le vétérinaire proposera de prélever quelques poils autour des lésions pour procéder à une analyse de laboratoire. Un traitement antifongique topique et/ou oral est habituellement prescrit en attendant les résultats des tests si la suspicion est très élevée, ou après confirmation par le laboratoire si les lésions sont légères. Il faut limiter les manipulations de l'animal et les déplacements dans son

environnement pendant le traitement. Il est important de porter des gants pendant les manipulations. Il est aussi recommandé de désinfecter l'environnement avec un traitement adapté. Un test de laboratoire de contrôle est habituellement recommandé avant d’arrêter les traitements, même si les lésions ont disparu.

 

Dre Hélène Rembeaux, DMV, IPSAV (médecine zoologique)

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