Le rat est un petit mammifère de compagnie très populaire et très attachant. C'est un animal très affectueux et sociable. Bien qu’il soit principalement actif la nuit, le rat s'adapte bien au cycle de vie de son propriétaire et peut être un très bon animal de compagnie. Son espérance de vie est d'environ deux ans. Le rat appartient à l'ordre des rongeurs. Bien que le chinchilla et le dégu appartiennent au même ordre, leur dentition diffère de celle des rats. Chez ce dernier, seules les incisives poussent de façon continue, générant plus de problématiques que les molaires.
Veuillez vous référer à notre fiche de recommandations détaillées pour vous assurer de donner une alimentation adaptée à votre rat.
Environnement
Le rat est une espèce sociale, qui devrait être gardée en groupe d’au moins deux individus. Dans la nature, les rats vivent en colonie avec une hiérarchie bien établie.
De façon générale, l’agression peut être normale dans un groupe et devient plus rare une fois que la colonie est bien établie. Pour diminuer l’agression dans une colonie, il faut s’assurer :
- D'offrir une cage suffisamment grande;
- D’offrir de multiples cachettes avec deux sorties (et ainsi éviter des culs-de-sac qui empêchent le rat poursuivi de s’enfuir);
- De castrer les mâles;
- De favoriser l’introduction de nouveaux rats avant leur puberté (environ 5 semaines d’âge).
La santé du rat dépend grandement de son environnement. Il y a plusieurs façons d'offrir un environnement adéquat à son rat. Voici les grandes lignes à respecter :
- La cage devrait être installée dans une pièce calme, bien aérée et loin des prédateurs. La cage ne devrait être ni directement exposée au soleil, ni dans un environnement humide et frais.
- Les grandes cages conçues pour les furets ou rongeurs (sur plusieurs étages) peuvent convenir. Les cages commerciales pour cochon d’Inde ou lapin sans niveaux ne sont pas recommandées.
- Il est recommandé d’éviter les cages faites en bois (impossibles à bien nettoyer) et les terrariums en vitre (ventilation sous-optimale).
- Les fonds de cage en grillage sont déconseillés, car ils prédisposent à la pododermatite et aux fractures. Il est préférable d’installer des tapis moelleux (tapis antidérapants par exemple), des couvertures ou serviettes, et/ou du substrat comme de la litière de papier.
- La litière de papier est préférable à la ripe de bois pour la santé du système respiratoire. Dans tous les cas, la ripe de cèdre est toxique et doit absolument être évitée.
- Il est important d’offrir plusieurs cachettes (au moins autant de cachettes que d’individus).
- Il peut être très intéressant d’offrir une partie des repas dans des jouets à titre d’enrichissement et pour encourager l’exercice. On peut offrir la moulée dans une boule en plastique trouée, dans du papier, dans un rouleau de papier toilette vide, dans un panier, ou dans une boîte en carton vide.
- Rappelons que les rats vivent dans des terriers dans la nature. Il est essentiel de fournir des jeux ou du matériel pour leur permettre de creuser, s'abriter, se faire un nid et puis jouer, courir, comme des tuyaux en PVC, des couvertures, des boîtes d’œufs, des rouleaux en carton, des boules ou des roues d’exercice.
- Il est recommandé d’offrir une bouteille d’eau et un bol d’eau en tout temps au cas où le mécanisme de la bouteille se bloque.
Soins vétérinaires
- Il n’existe pas de vaccin recommandé actuellement pour les rats au Québec.
- Un examen vétérinaire est recommandé une fois l’an, incluant un examen dentaire complet.
- Des tailles de griffes sont recommandées régulièrement (la fréquence peut varier entre 4 et 12 semaines selon l’animal).
- Des traitements préventifs contre les parasites cutanés sont recommandés chez les rats qui sortent à l’extérieur l’été, et chez ceux qui cohabitent avec des animaux qui sortent à l’extérieur (chien, chat, lapin).
- La stérilisation de la femelle en bas âge est recommandée pour la prévention de tumeurs mammaires.
- La stérilisation des mâles est recommandée pour faciliter la cohabitation entre mâles et prévenir les gestations lors de cohabitation mixte.
- À noter que les rats peuvent être sexuellement matures à partir de 5 semaines d’âge.
Raisons de consultation et conditions médicales fréquentes
Si votre rat présente un ou plusieurs de ces symptômes, consultez un vétérinaire en urgence :
- Perte d’appétit depuis plus de 8 heures
- Absence de production de selles depuis plus de 8 heures
- Diarrhée
- Difficulté à uriner ou absence de production d’urine
- Sang abondant dans les urines ou les selles
- Difficulté à respirer
- Vocalisations associées à la respiration
- Diminution soudaine du niveau d’activité
- Tête penchée, associée à une baisse de l’état général
- Évidence de fracture
- Difficulté à la mise-bas
- Altercation avec un chat
- Plaie ouverte
Maladies fréquentes
Chromodacryorrhée
Il s'agit d'une sécrétion de larmes colorées rouges qui pourront être observées aux yeux ou au bout du nez (le canal naso-lacrymal communique entre les yeux et le nez). Le pigment rouge, appelé porphyrine, est produit par la glande de Harder qui se trouve juste derrière l'œil du rat. Elle peut être confondue avec du sang, ce qui est beaucoup plus rare. Toutefois, la surproduction de porphyrines est anormale, et survient après un stress ou une maladie. Il est recommandé de consulter votre vétérinaire si votre rat manifeste une chromodacryorrhée pour identifier et traiter le problème sous-jacent.
Malocclusion
Les incisives du rat poussent de façon continue. Ainsi, à la suite d'un trauma, d’une infection, d’une tumeur ou d’une anomalie congénitale, l’occlusion des incisives peut être affectée. En effet, les incisives du bas et du haut s’usent constamment l'une contre l'autre lorsque le rat mange ou ronge du matériel, ce qui permet une bonne usure tout au long de sa vie.
Si l'une d'elles n'entre plus en contact avec l'autre parce que sa croissance est déviée ou parce que l’une est manquante (suite à une fracture par exemple), l'usure de la dent en vis-à-vis est empêchée. Cela peut rapidement engendrer un allongement des dents dans la bouche ou vers les lèvres, et causer des plaies ou même des abcès. Les rats affectés peuvent soudainement arrêter de manger ou bien refuser leur nourriture habituelle et accepter seulement des aliments mous. Si elle n’est pas traitée rapidement, cette condition peut entraîner une perte de poids, des désordres digestifs (diarrhée, constipation) et peut même être fatale.
Des tailles de dents, généralement sous sédation, sont nécessaires. Celles-ci doivent être faites par un vétérinaire avec un instrument approprié (jamais avec des pinces!) pour s'assurer qu'elles soient bien adaptées à l'anatomie normale de l'animal, qu'elles n'interfèrent pas avec la capacité de préhension et de mastication des aliments, et afin d'éviter qu'elles ne génèrent un saignement ou de la douleur. Bien souvent, l’occlusion est affectée de façon permanente et les tailles de dents devront être répétées aux 3 à 5 semaines à long terme.
Les rats peuvent développer des caries en vieillissant. Les aliments sucrés (biscuits, fruits, chocolat et yogourt) devraient être évités. Les pommes en particulier peuvent causer des caries. Chez certains rats coopératifs, il peut être utile de brosser délicatement les molaires (les petites dents blanches dans le fond de la bouche qui ne sont pas visibles facilement) à l’aide d’une petite brosse à dent humidifiée avec de la chlorhexidine. Il n’est pas nécessaire de brosser les incisives (les dents visibles orangées). Pour entretenir les incisives, il est recommandé d’offrir des jouets qui peuvent être grugés (jeux en bois, branches de pommier, etc.).
Parasites
Le pou hématophage (suceur de sang) est de loin le parasite le plus fréquemment rencontré chez le rat. L'animal se gratte beaucoup lors d'infestations et peut provoquer une infection de peau secondaire aux lésions de grattage excessif. Les rats très infestés vont également manifester de l'abattement dû à l'anémie secondaire à l’infestation. Le diagnostic est posé par la visualisation des poux dans le pelage et par observation microscopique. L’application topique d’un antiparasitaire chez tous les rats de la maison est recommandée, et s’avère habituellement très efficace comme traitement. Finalement, l'environnement doit être désinfecté afin d'éviter les récidives.
Maladie respiratoire chronique
La maladie respiratoire chronique est causée principalement par la bactérie Mycoplasma pulmonis, mais elle peut être compliquée par d’autres pathogènes respiratoires mineurs, bactériens comme viraux. Les signes cliniques sont variables et dépendent du site principal de l’infection, soit les poumons, la gorge, le nez, les yeux, et les oreilles. L’âge et la génétique du rat, la présence d’autres problèmes de santé, ainsi que les conditions de régie (salubrité, diète, surpopulation, etc.) jouent tous un rôle sur la présentation clinique de cette maladie. En stade précoce, l’infection est souvent asymptomatique. Des signes respiratoires tels des éternuements, de la toux, des écoulements oculaires et la tête penchée peuvent survenir avant ou avec de la difficulté respiratoire. Des signes cliniques plus généraux tels de l’abattement, une posture voûtée ou encore une perte d’appétit surviennent lorsque la maladie progresse.
L’autre forme clinique importante est la pneumonie bactérienne. Cette forme privilégie les jeunes rats, et est causée principalement par une bactérie nommée Streptococcus pneumoniae. Comme pour la maladie respiratoire chronique, l’infection est souvent compliquée par d’autres pathogènes respiratoires, dont Mycoplasma pulmonis. Les signes cliniques ressemblent à ceux de la maladie respiratoire chronique, mais progressent typiquement beaucoup rapidement.
Tous les rats domestiques achetés en animalerie ou chez un éleveur sont contaminés par ces pathogènes à la naissance, par leur mère. Les jeunes rats en particulier sont susceptibles de développer des signes cliniques suite à des événements stressants tels que l’adoption ou un déménagement. Ainsi, il est inutile d’isoler un rat avec des signes respiratoires d’un autre rat venant de la même source, car ce dernier est porteur asymptomatique des mêmes agents pathogènes. Par contre, le vétérinaire peut vous recommander de séparer votre rat malade des autres rats en santé pour éviter les comportements d’agression entre eux et pour suivre de plus près son appétit et sa production de selles.
La prise en charge d’une infection respiratoire, quelle que soit sa forme clinique, implique une gestion à plusieurs paliers. Des radiographies du thorax peuvent être recommandées par le vétérinaire pour confirmer le diagnostic et écarter les autres hypothèses, comme une maladie cardiaque ou un cancer. Lorsque l’infection est au stade précoce, les antibiotiques seuls peuvent contrôler une infection. Les rats en état critique nécessitent aussi des soins de support (support thermique, support hydrique, supplémentation en oxygène, support nutritionnel, nébulisations). Malheureusement, il est impossible d’éliminer tous les pathogènes, et certains patients ne répondent peu ou pas aux traitements. Chez ceux qui récupèrent d’une infection respiratoire, les récidives sont fréquentes. Afin de réduire les risques de récidives, il est important de diminuer toute cause de stress dans l’environnement de votre animal. Il est donc conseillé de veiller à la qualité de l’air et à la salubrité de sa cage : nettoyer la cage quotidiennement, empêcher toute accumulation d’urine, et éviter des produits poussiéreux comme de la ripe ou des copeaux. Les substrats à base de papier journal recyclé sont à privilégier. Une alimentation saine est aussi importante, l’obésité étant un facteur aggravant de la condition. Veuillez vous référer à notre fiche de recommandations détaillées pour vous assurer de donner une alimentation adaptée à votre rat.
Tumeurs mammaires
Les tumeurs mammaires sont fréquentes chez le rat; elles sont bénignes la plupart du temps (fibroadénome), contrairement à la souris chez qui les tumeurs mammaires sont rares mais souvent malignes.
Dans environ 10 % des cas, il s'agit de tumeur maligne; on parle alors d'adénocarcinome. Ces tumeurs sont influencées par la stimulation hormonale. Une stérilisation en bas âge (moins d'un an, et même moins de 3 mois préférablement) permet de réduire considérablement les risques de développement de masse mammaire.
Le tissu mammaire s'étend, chez le rat, du ventre jusqu'au dos : il n'est donc pas rare de voir une tumeur mammaire se développer sur le flanc ou sur le dos d'un rat. Le traitement des tumeurs mammaires est chirurgical. L’identification du type de cancer mammaire requiert l’analyse de la masse, car les masses bénignes et malignes se ressemblent.
Lors d’excision d’une tumeur bénigne, le pronostic est bon, mais l’apparition de nouvelles tumeurs le long de la chaîne mammaire est très fréquente.
Lorsque la tumeur est maligne, le pronostic est plus sombre car des métastases pulmonaires sont fréquentes. Un traitement palliatif peut être administré jusqu’à ce que la qualité de vie du patient ne soit plus optimale.
Hélène Rembeaux DMV, IPSAV (médecine zoologique)